Cet article est lu en 6 minutes, le temps de prendre une tisane et une belle respiration.
Je partage habituellement mes réflexions et expériences en Permathérapie. Mais aujourd’hui, cependant, je m’écarte un peu de mon sujet de prédilection pour aborder un thème qui me tient à cœur en tant que formateur en Médecine chinoise à Alternaria.
Au fil de mes enseignements et interactions avec mes différents étudiants, je rencontre fréquemment un raccourci qui, je dois l’avouer, me hérisse le poil : l’idée selon laquelle la colère est directement liée au foie. Et qu’un trouble du foie cache systématiquement une colère.
Dans le tourbillon incessant des conversations quotidiennes, que ce soit à la machine à café, dans les salles d’attente ou sur les innombrables fils de discussion des réseaux sociaux, une affirmation semble circuler avec une assurance déconcertante et une confiance inébranlable : la colère, cet état émotionnel si intense, serait directement liée aux troubles ou pathologies du foie. Cette idée, aussi répandue qu’elle soit, omniprésente pourrais-je dire, trouve son origine dans une interprétation erronée, voire simpliste, de l’ancienne et respectée médecine chinoise. Elle s’est insinuée, presque subrepticement, dans l’esprit collectif, se transformant au fil du temps et des répétitions en une vérité incontestée, un fait indéniable pour beaucoup de personnes, sans qu’elles ne remettent jamais en question sa validité.
En tant que praticien et enseignant passionné par la richesse et la complexité de la médecine chinoise, je ne pouvais garder le silence plus longtemps. Il est temps de mettre les choses au clair, de déconstruire cette idée fausse et de partager une vision plus nuancée et précise de la relation entre nos émotions et notre santé physique.
Dans cet article, je vous propose donc un (rapide) voyage à travers les méandres de cette croyance populaire, en l’examinant sous le prisme de la médecine chinoise authentique et en vous offrant une perspective éclairée et fondée sur des connaissances solides. Préparez-vous à défaire quelques nœuds de longue date et à découvrir une approche plus holistique de vos émotions.
Origine d'une méprise
L’origine de cette croyance, qui suggère que la colère affecte spécifiquement et directement le foie, se perd dans les méandres d’une interprétation maladroite des principes de la médecine traditionnelle chinoise. Dans cette tradition, la relation entre les émotions et les organes du corps humain est certes reconnue, mais elle est bien plus complexe et nuancée que ce que l’on veut bien croire.
La simplification à outrance de ces principes ancestraux a conduit à une conclusion hâtive et inexacte. En effet, au lieu de comprendre que la colère, comme toutes les émotions, peut avoir un impact sur l’ensemble de l’organisme, certains ont choisi de croire que cet effet était spécifique et ciblé sur le foie.
Cette croyance s’est ensuite propagée au fil du temps, se détachant de son contexte original et de ses nuances importantes pour devenir une affirmation simpliste et réductrice. Elle est désormais répandue, bien qu’elle ne représente qu’une interprétation biaisée et tronquée de la véritable philosophie de la médecine chinoise.
Face à cette idée reçue, il est temps de poser une affirmation forte et contre-intuitive : cette croyance est non seulement un raccourci simpliste, mais elle est également trompeuse. Elle ignore la complexité de la relation entre nos émotions et notre physiologie. En réalité, la dynamique entre la colère et le foie, telle qu’elle est souvent présentée, est loin d’être aussi directe ou univoque.
Il est crucial de clarifier que la relation entre les émotions et les organes est bien plus complexe et nuancée que ce que laisse entendre cette idée reçue. La médecine chinoise elle-même ne prône pas une causalité directe et exclusive entre la colère et les troubles du foie, mais plutôt une interdépendance subtile entre les émotions et les différents organes. Cette clarification est essentielle pour déconstruire la fausse croyance et ouvrir la voie à une compréhension plus juste et nuancée.
Démêler foie et colère
La médecine chinoise propose différents niveaux de lecture. Parmi ceux-là les Principes nous permet d’associer les structures, les mécanismes ou les fonctions autour de dynamiques équivalente. Ainsi ce qui bouge avec vivacité et se déploie sera en lien avec le Bois, et ce qui est en profondeur et froid sera en lien avec l’Eau. Bois et Eau sont ici des Principes et non des éléments, ils représente une dynamique, un manière d’être au monde et un type de relation. c’est Principe sont au nombre de 5, en Médecine Chinoise, le Bois, le Feu, la Terre, le Métal et l’Eau.
Dans cette lecture, la colère qui est une émotion qui se caractérise par l’expansion et la vivacité est associée au Principe du Bois, au même titre que le Foie qui est organe qui a un métabolisme puissant.
Les Principes et la relation entre les émotions et les organes, sont fréquemment interprétés de manière littérale et simpliste. Cette interprétation erronée conduit à des croyances réductrices.
En réalité, ces Principes ne sont pas des directives causales rigides, mais plutôt des symboles de dynamiques plus larges. Ils représentent des interactions complexes et des relations subtiles et non des liens de cause à effet directs.
Ainsi, le foie, comme d’autres organes, est sensible à un spectre d’émotions bien plus large. La colère n’est qu’une des nombreuses émotions qui peuvent influencer le fonctionnement du foie, et non la seule.
Pour autant, chez une personne qui exprime une vive colère, nous serons amené à nous pencher sur le Principe du Bois, mais pas seulement, et une personne ayant une perturbations de ce même principe sera prédisposée à la colère. Prédisposée ne signifie en aucun cas qu’elle sera en colère !
Cette croyance conduit à une mauvaise interprétation des symptômes et des causes sous-jacentes des troubles hépatiques. En attribuant faussement certains problèmes de foie à la colère, on risque de négliger d’autres facteurs émotionnels ou physiologiques importants.
La stigmatisation et la culpabilisation des personnes exprimant de la colère sont des conséquences directes de cette fausse croyance. Elle crée un environnement où les émotions sont mal comprises et mal abordées.
Guide du Permathérapeute
ou comment bien débuter en Permathérapie
La Médecine Chinoise est une approche holistique !
Au lieu de se concentrer uniquement sur une relation simpliste entre une émotion spécifique et un organe, il est fondamental de prendre en compte une vision plus globale et inclusive. En lieu et place d’une tentative de compréhension basée sur un tableau infini de correspondances entre les Principes, les organes, les émotions, etc., il est de la plus haute importance de focaliser notre attention sur les interconnexions et les relations entre les symptômes divers et variés que présente la personne.
Cette perspective holistique reconnaît et met en lumière l’interaction complexe et souvent sous-estimée entre les émotions et la santé. Elle prend en compte non seulement les aspects physiologiques, qui sont bien sûr d’une importance cruciale, mais aussi une multitude d’autres facteurs, y compris les aspects psychologiques, environnementaux et sociaux, qui ont tous un impact significatif sur notre bien-être global.
Ce point de vue implique de considérer chaque personne dans toute sa complexité et sa singularité, en tenant compte non seulement de ses émotions, mais aussi de tous les autres symptômes qui peuvent être présents, tout en prenant également en compte son environnement de vie. Cette approche holistique, plus complète et plus nuancée, permet une meilleure compréhension des problèmes de santé, permettant ainsi d’éviter des raccourcis réducteurs qui pourraient mener à des conclusions erronées ou incomplètes.
Cet article a 4 commentaires
Merci Loic pour cette mise au point.
🙏 merci pour ce retour
Merci Loïc. Votre article est vraiment très intéressant. Il m’ouvre de nouvelles perspectives. Merci beaucoup de remettre les pendules à l’heure.
merci pour votre retour 🙏