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De nombreux professionnels de santé ressentent aujourd’hui le besoin de réorienter leur pratique pour la rendre plus cohérente avec leurs valeurs profondes. Dans un contexte où la préservation de l’environnement et la qualité des soins deviennent de plus en plus indissociables, beaucoup se demandent : comment soigner tout en prenant soin de la planète ? Santé et développement durable sont-ils compatibles ?
Les approches dites « écoresponsables » ou « écosoins » montrent qu’il est possible de réduire notre empreinte environnementale au quotidien, même dans le secteur médical. Le Ministère de la Santé, SANTÉ PUBLIQUE FRANCE et la Haute Autorité de Santé (HAS) encouragent même cette transition pour les institutions et les centres, mettant en avant la nécessité de repenser nos pratiques de manière durable.
Santé et développement durable : des valeurs en quête d’harmonie
Santé et développement durable sont étroitement liés : l’état de la planète influe directement sur la santé des populations, tandis que certaines pratiques de soin peuvent aggraver la dégradation environnementale.
La planification écologique en santé, soulignée par Santé Publique France, vise à transformer le secteur pour le rendre plus sobre, soutenable et moins dépendant des ressources polluantes. Cette démarche prend en compte l’impact économique et social, mais aussi la préservation du cadre de vie.
Chaque professionnel de santé peut agir, qu’il soit médecin, infirmier, kinésithérapeute, sage-femme ou psychologue. Les gestes simples se multiplient et s’intègrent progressivement dans les protocoles de soin. On retrouve notamment : le tri sélectif, la réduction de la consommation énergétique, le choix de fournitures lavables plutôt que jetables…
Le déclic de la reconversion : un nouvel élan pour les soignants
Pour certains professionnels du soin, les valeurs écologiques vont au-delà des gestes quotidiens. Ils sont à la recherche d’une réelle écologie de la santé, qui va au-delà des protocoles standardisés pour véritablement individualiser le soin. L’expression « soin de troupeau », qu’il m’arrive d’utiliser pour dénoncer une approche trop généraliste et qui s’appuie sur des statistiques, illustre bien le risque de traiter toutes les personnes de la même manière sans tenir compte de leurs spécificités individuelles.
Sortir des protocoles « tout faits » ouvre alors la porte à une approche plus personnalisée et respectueuse de la singularité de chacun. En proposant un soin plus précis et adapté à chaque personne, les praticiens mettent en avant leurs valeurs de respect de l’humain, de relations authentiques et de recherche d’évolution permanente.
Cette démarche exige aussi d’interroger le rapport qu’on entretient avec l’environnement et les écosystèmes dans lesquels nous évoluons. Comment offrir le meilleur soin possible tout en limitant son impact écologique ? De plus en plus de soignants se sentent concernés par ces enjeux et cherchent à trouver des solutions concrètes pour renouveler leur pratique et lui redonner du sens.
De l’idée à l’action : adopter des pratiques écoresponsables au quotidien
Passer de l’intention à la mise en œuvre concrète d’une démarche écologique dans les soins peut sembler complexe, surtout lorsqu’on exerce seul ou en petit groupe dans un cabinet libéral. Pourtant, il existe des pistes d’actions efficaces et simples à mettre en place dans un premier temps :
Réduire les déchets et recycler
- Utiliser du matériel réutilisable (pinces, ciseaux, draps en tissu) lorsque c’est possible et sécuritaire.
- Mettre en place un système de tri sélectif adapté au cabinet (papiers, cartons, plastiques, déchets médicaux) et sensibiliser son équipe ou ses patients à cette démarche.
Optimiser les ressources énergétiques
- Éteindre ou mettre en veille les équipements (ordinateurs, imprimantes) en fin de journée.
- Opter pour un éclairage à basse consommation (LED) et, si possible, choisir un fournisseur d’énergie verte.
Sélectionner des produits consciencieusement
- Porter une attention particulière à l’origine des produits : “naturel” ne signifie pas forcément “écologique”.
- Vérifier la provenance des plantes médicinales ou huiles essentielles : privilégier celles produites localement ou, a minima, issues de filières responsables pour limiter l’empreinte carbone.
Sensibiliser les patients
- Expliquer, au besoin, pourquoi vous utilisez certains produits plutôt que d’autres.
- Rappeler que votre démarche vise à leur offrir un soin de qualité tout en préservant les ressources naturelles et en respectant l’environnement.
Valoriser l’échange avec d’autres praticiens
- Organiser ou participer à des groupes de discussions et de partage de bonnes pratiques axées sur l’écoresponsabilité.
- Mutualiser les ressources (commandes groupées de matériel écologique par exemple)
Mais encore...
Adopter ces gestes demande un regard critique sur ses habitudes, en veillant à ce que l’engagement écologique ne compromette pas la qualité des soins, mais la renforce. Les retours d’expérience montrent régulièrement que ces adaptations s’accompagnent d’une satisfaction professionnelle accrue et d’une plus grande cohérence avec ses propres valeurs.
Cependant, ces gestes en sont pas forcément suffisants pour se sentir totalement aligné avec nos valeurs écologiques. Ils restent des gestes de base que l’on met déjà en place dans notre vie personnelle, et ne répondent pas toujours à la quête de sens dans notre vie professionnelle.
Il est possible d’aller plus loin, notamment au travers de la vision de la permathérapie.
Les bases de la Permathérapie : une vision holistique et écologique
La Permathérapie s’inspire des principes de la permaculture, qui vise à créer des écosystèmes résilients et durables. Appliqués au domaine du soin, ces principes se traduisent par :
- Observation et globalité : considérer chaque patient comme un être unique, dont la santé dépend d’une multitude de facteurs (environnementaux, sociaux, psychologiques).
- Utilisation réfléchie des plantes médicinales : privilégier des remèdes naturels, lorsqu’ils sont adaptés, tout en veillant à leur traçabilité et à leur impact environnemental.
- Individualiser et promouvoir l’autonomie : aller au-delà des protocoles standardisés pour proposer des solutions spécifiques à la situation de chaque patient, en l’impliquant dans son propre processus de soin.
- Gestion responsable des ressources : réduire au maximum le gaspillage, utiliser des solutions thérapeutiques écologiques et opter pour des méthodes moins invasives lorsque c’est possible.
Ce regard holistique valorise autant la santé du patient que celle de l’environnement. Il encourage le soignant à collaborer, à s’informer et à réinventer continuellement sa pratique pour répondre aux enjeux de santé et de durabilité.
Les avantages pour les professionnels du soin
L’intégration d’approches écoresponsables ou de démarches telles que la Permathérapie offre de multiples bénéfices pour les soignants ou praticiens de santé.
Elle leur permet notamment de renouveler leur pratique et de se reconnecter à leurs valeurs. En effet, en sortant du cadre strict des protocoles classiques, on retrouve une liberté de conception du soin. Loin des recettes, nous avons une multitude de solutions à proposer, et nous pouvons choisir celle qui sera la plus pertinente en fonction de la personne et de sa situation particulières. Cette pratique est plus alignée sur les convictions écologiques et éthiques.
En renforçant la relation praticien-patient, les pratiques telles que la permathérapie offrent une approche plus globale et respectueuse. Elles créent un climat de confiance et suscitent davantage l’adhésion du patient. En outre, le praticien n’est pas simplement un robot délivrant des ordonnances ou répétant le même protocole : il s’épanouit dans la recherche et dans le choix du traitement le plus adapté possible.
De plus, ces pratiques permettent d’anticiper l’avenir : les praticiens qui s’engagent dans cette voie s’adaptent plus facilement aux nouvelles réglementations autour de l’écologie du soin et répondent aux attentes d’une population de plus en plus sensibilisée à l’environnement.
Enfin, cela permet de gagner en qualité de vie professionnelle : la cohérence entre ce que l’on fait et nos valeurs favorise l’épanouissement au travail.