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Vous souhaitez vous soigner par les plantes d’une manière plus joyeuse qu’en consommant les éternelles tisanes de grands-mères ? Découvrez comment préparer des vins médicinaux.
Grands oubliés de la phytothérapie moderne, ils ont l’avantage de mêler l’utile à l’agréable : vous profitez des vertus médicinales des plantes qu’ils contiennent, tout en passant un moment convivial et récréatif.
Outre sa dimension sociale, le vin permet l’extraction d’un grand nombre de principes actifs. Comme il est constitué d’eau et d’alcool, il récupère aussi bien les molécules hydrophiles des plantes, solubles dans l’eau, que les molécules éthanophiles, solubles dans l’alcool.
Résultat : il concentre un panel de principes actifs plus large que les infusions ou les macérations dans l’alcool pur, comme les teintures mères. Présentation des vins médicinaux à travers l’histoire ainsi que de la façon de les préparer et de quelques recettes pour vous lancer.
Le vin médicinal : une longue histoire
Les Égyptiens se soignaient déjà grâce à des vins thérapeutiques
La confection de vins médicinaux remonte à des temps anciens. Des manuscrits égyptiens datant de 1 850 ans av. J.-C. évoquent l’ajout de plantes médicinales à du vin dans un but thérapeutique.
Plus étonnant encore : des archéologues ont découvert, dans la chambre funéraire du roi Scorpion 1, une fiole de vin thérapeutique vieille de 3 150 ans av. J.-C. Les résidus jaunâtres sur les côtés de la fiole ont révélé qu’elle contenait du vin avec des extraits d’herbes aromatiques. Sans pouvoir identifier précisément les plantes utilisées, les chercheurs ont déduit, en étudiant les composés chimiques retrouvés, qu’il pouvait s’agir de plantes comme la mélisse, la menthe ou encore la sauge.
Ces différentes plantes sont citées dans les papyrus égyptiens pour la guérison de diverses maladies, ce qui rend l’hypothèse cohérente.
Une autre fiole, découverte au sein d’un tombeau d’Égypte méridionale et datant de 500 ans av. J.-C., révèle quant à elle un vin additionné de résine de pin et de romarin, parmi d’autres plantes. Il semble donc que la préparation de vins médicinaux était une pratique courante de l’Égypte antique.
Au Moyen Âge, les vins de plantes étaient en vogue
Au Moyen Âge, consommer de l’eau pouvait être dangereux, car, à moins de la prélever directement à la source, elle risquait d’être contaminée et de provoquer des dysenteries. À table, c’est donc du vin que l’on servait habituellement.
Mais, le vin de l’époque était peu titré, ne se conservait pas très longtemps et avait en général un goût, pour le moins, médiocre. La solution était donc d’y mettre des plantes, des fruits, ou encore des épices à macérer.
Ainsi, il était courant de consommer des vins de sauge, d’anis et de romarin. L’ajout d’épices s’est développé à partir du XIe siècle, avec les premières croisades. Comme les épices étaient des denrées relativement rares et chères, en ajouter au vin était un signe de prestige.
C’est de cette période que provient le fameux hypocras, un vin épicé à la fois digestif et réchauffant. Ces breuvages ne jouaient pas le rôle, à proprement parler, de médicaments et servaient principalement dans leurs vertus digestives. Cette consommation courante de vins de plantes a perduré jusqu’à la moitié du XXe siècle environ.
La recette de base pour préparer des vins médicinaux
Pour 1 litre de vin, mettre à macérer 100 g de plantes sèches ou 200 g de plantes fraîches (comme celles-ci contiennent de l’eau, il en faut davantage pour obtenir la même concentration). Dans ce cas, cueillir deux bonnes poignées de plantes fraîches. Les trier pour ne garder que les jeunes pousses et obtenir 200 g de poids final.
Bien les laver avant de les ajouter au vin. Les poids indiqués sont des valeurs maximales, à ajuster selon les plantes et les goûts.
Pour les plantes amères notamment, il ne faut pas dépasser 25 g de plantes sèches, au risque de confectionner un breuvage imbuvable. Le temps de macération des plantes dans le vin, avant filtrage, dépend de chaque espèce.
Pour le choix du vin, qu’il soit blanc ou rouge, l’idéal est d’en sélectionner un avec un taux d’alcool le plus haut possible. Il est important également de ne le choisir pas trop tannique, car, sinon, l’extraction des principes actifs des plantes se réalise moins bien. Trop jeunes, les vins rouges risquent aussi de moins bien extraire les molécules végétales. Il n’est bien sûr pas nécessaire de choisir un millésime. Le choix d’un vin doux ou sec se fait selon les préférences de chacun.
Une fois préparé, le vin médicinal se conserve 3 à 4 mois. Il est consommé à raison d’un verre par jour (70 mL maximum), de préférence avant le repas. En effet, il s’agit d’une boisson avant tout médicinale, donc à consommer (très) modérément.
Entre goût et extraction optimale
Il est possible d’ajouter du sucre à la préparation, bien que celui-ci n’ait pas d’intérêt d’un point de vue thérapeutique. C’est plus une question de goût. L’idéal est donc de commencer la préparation sans sucre et d’en rajouter seulement si l’amertume dérange. Le sucre peut aussi être avantageusement remplacé par du miel.
Certaines recettes proposent également l’ajout d’un alcool fort, qui permet d’extraire plus d’actifs tout en augmentant le temps de conservation de la préparation. On pourra alors choisir du rhum ou de la vodka, à raison de 10mL pour un litre de vin.
Faire des associations
Plusieurs plantes peuvent être associées dans une même préparation. Dans une logique de permathérapie, le travail sur une plante seule est privilégié, pour ses intérêts thérapeutiques. Mais si la visée est récréative, il peut être intéressant de mélanger plusieurs plantes pour le goût.
Chacun pourra trouver selon ses goûts le ou les préparations qui lui convienne… Gingembre, thym, camomille, ortie et pourquoi même le fenouil !
Attention toutefois, les mélanges ne sont pas toujours très heureux !
Guide du Permathérapeute
ou comment bien débuter en Permathérapie
Sélection de recettes de vins thérapeutiques
Des recettes historiques de vins médicinaux
De très nombreuses recettes anciennes de vins médicinaux permettent de constater l’importance de leur consommation au cours de l’histoire. Parmi ces recettes, voici celle d’un vin de sauge et de rose, selon le Tractatus de modo preparandi et condiendi omnia cibaria, datant du XIIIe siècle (traduction du latin) :
« Pour un vin de sauge et de rose, voici comment le préparer : prendre trois livres de sauge, et bien séchées, trois mesures de vin bon et parfumé, et la sauge bien sèche, en la broyant bien entre les mains, la mélanger avec un setier de ce vin, et la laisser dans une cruche en bois pendant une nuit ; mais le matin, le placer dans un tonneau et l’y laisser jusqu’à ce qu’il soit clair. Je dis la même chose pour faire des vins de roses ; et surtout au temps des vendanges. »
source recettemedievale.fr
Plus récemment, on retrouve dans le Codex de la fin du XIXe siècle la formulation d’un vin cordial (réchauffant et stimulant) avec les proportions suivantes : 10 g de cannelle et 40 g d’orange amère pour 1 litre de vin de Banyuls.
D’autres vins de plantes sont également réputés, comme le vin de noix ou le vin de pêche, plus pour leur côté récréatif que médicinal. Voici deux recettes faciles de vins thérapeutiques.
Le vin de sauge et ses bienfaits
Le vin de Sauge (Salvia officinalis) soulage les troubles digestifs. Il est antispasmodique et relaxant.
Ingrédients :
- 1 litre de vin rouge
- 100 g de feuilles séchées ou 200 g de plante fraîche (feuilles et sommités fleuries)
Laisser infuser les feuilles de sauge dans le vin rouge pendant 10 jours. Filtrer et mettre en bouteille le vin obtenu. À consommer en apéritif, à raison d’un verre par jour.
Il est également possible d’infuser les feuilles à chaud en portant à ébullition une partie du vin avec les feuilles, puis en l’ajoutant au reste du vin.
Le vin de mélisse et ses propriétés
Le vin de Mélisse (Melissa officinalis) possède des propriétés calmantes et apaisantes. Cet apéritif à base de plantes est très facile à préparer. Voici la recette :
Ingrédients :
- 1 litre de vin blanc
- 50 à 60 g de plante fraîche (feuilles et sommités fleuries)
Faire macérer les feuilles et sommités fleuries de la mélisse dans le vin blanc. Après 48 h de macération environ, filtrer le mélange. Mettre en bouteille le breuvage obtenu. En consommer un verre par jour en apéritif.
Comme dans la recette précédente, une variante consiste à faire bouillir la même quantité de plantes dans le vin pendant 5 minutes. Il est alors possible de filtrer et de mettre en bouteille le vin obtenu directement.
Maintenant que vous connaissez l’histoire des vins médicinaux et la manière de les préparer, à vous les expérimentations !
Pensez à partager vos recettes en commentaires.
Article rédigé avec l’aide de Maëlle Mériaux, rédactrice web SEO
Cet article a 4 commentaires
Super article , merci beaucoup. Il tombe à point nommé. Je viens de me remettre à faire du vin de feuilles de cerisier, du vin de noix et d’expérimenter Du champagne de sureau et de tilleul. Sans aucune idée qu’un vin pouvait être thérapeutique, mais plutôt pour le fun … je sais maintenant pourquoi ma sauge et la mélisse se portent si bien dans mon jardin et je vais de ce pas expérimenter tes recettes de vins thérapeutiques …
Merci pour cet article vraiment intéressant !
Pour ma part, j’utilise depuis plusieurs années le vin de noix à la place du traditionnel vermifuge familial dont je ne citerai pas le nom…
Ça fonctionne super bien ! en faible dosage et dilué pour les enfants bien sûr et sans culpabilité pour les adultes puisqu’il s’agit d’un apero thérapeutique 😉
Une belle initation à la phytothérapie !!!
Bravo !!! 😉
Merci pour cet article tres interessant. Je fait de l’alcool de noix avec des noix jeune entire, encore vertes, que j’écrasasse avec un marteau et met a macérer dans du aguardiente, vodka, rhum ou autre (je n’ai pas essaye le vin – a faire) – ce un excellent stimulant hépatique amere. Ce un affair du printemps, mais cette année – pas de noix avec les gels qu’on a eu!