Si je vous dis éthiques, principes, design et contexte, vous me répondrez sûrement « ah mais oui, il va nous parler de permaculture », et bien non ! Pourtant nous parlons bien d’une approche qui tend vers un fonctionnement au plus proche de la nature pour un bien-être global, en tenant compte de notre terrain. Pas un terrain fait de terre, de minéraux et de végétaux cette fois-ci, mais des différentes dimensions qui composent la vie d’un être humain. Cette approche, c’est la permathérapie. Permanence et thérapie accolées pour une vision du soin qui s’envisage dans une globalité avec l’environnement, en tenant compte de la notion de régénération. L’objectif : permettre à ceux qui le souhaitent de devenir autonomes, durables et résilients dans leurs choix et leur parcours de santé.
Les 3 éthiques de la permanence pour un écosystème humain résilient
Ces 3 éthiques, vous les connaissez sûrement déjà. Trois pensées fondamentales au cœur de la permaculture :
- Être attentif à la terre, au vivant
- Être attentif à l’humain ;
- Redistribuer l’excédent.
Ces éthiques sont également celles qui guident la permathérapie, même si la dernière comporte une petite particularité dans mon domaine, vous allez voir.
Visualiser sa place dans son environnement
La première des éthiques, pour moi la plus centrale en permathérapie. Et oui, être attentif au vivant est pour moi un prérequis indispensable avant même de se pencher sur la personne. Cela vous semble contradictoire avec la notion même de soin ? Et pourtant…
Comme être vivant, nous faisons partie d’un tout, nous sommes l’un des rouages d’un écosystème dont l’unité la plus grande est la Terre. Ainsi, plus nos comportements sont en accord avec le développement d’écosystèmes durables, plus nous tendons vers une santé durable.
Il y a une interdépendance entre moi, nous, les êtres humains et la Terre, quelle que soit l’échelle. Notre environnement, au sens de ce qui nous environne directement. Vouloir retrouver un sommeil de qualité coincé entre une voie ferrée et une zone industrielle ? Vous aurez beau boire toutes les tisanes apaisantes ou ingurgiter tous les cachets possibles, cela ne sera pas efficace et encore moins pérenne. Si vous agissez sur vous pour régler un problème issu de votre environnement, vous n’aurez pas de résultats et c’est bien normal.
Imaginez-vous avoir une récolte abondante de tomates plantées sur un sol rocailleux dans une région désertique ? À peut-être au prix de nombreux apports en produits et des litres d’eaux importées de régions pluvieuses… mais est-ce seulement durable ? Évidemment, non.
Observer, prendre en compte et respecter l’environnement visible et invisible et la place que nous y avons. Dans mon approche du soin, l’observation tient d’ailleurs une place centrale.
Observer l’humain que nous sommes
L’attention à l’humain se porte à la fois sur la personne qui va recevoir le soin, mais également sur celles qui vont le prodiguer ou l’accompagner.
Respect, accueil et responsabilité.
Respecter la posture, les croyances et les projets de chacun, en laissant de côté le jugement.
Observer nos besoins, nos actions, nos paroles avec compassion c’est accueillir nos ressentis et nos comportements pour ce qu’ils sont. Sans tomber dans la culpabilité, ni la complaisance.
Prendre soin de soi dans toutes nos dimensions physiques, émotionnelles, spirituelles, en prenant chacun la responsabilité de notre propre vie.
Il ne s’agit donc pas d’opposer les différentes approches du soin comme la médecine conventionnelle, la naturopathie, la médecine chinoise, l’ayurvédique, la tibétaine….
Ce qui importe c’est de chercher le soin qui convient le mieux à la personne et de nous tourner vers les pratiques les plus adaptées pour elle, dans toute sa complexité. Toute médecine a ses forces qu’il ne faut pas ignorer.
Apporter de l'autonomie et partager les fruits de sa santé
Apporter de l’autonomie correspond à l’éthique « Redistribuer l’excédent », chère à la permaculture. Cela vous semble peut-être étrange lorsque l’on parle du bien-être, mais vous allez voir que partager les fruits de sa santé est tout à fait naturel et essentiel.
Votre bien-être et celui des autres humains sont liés. Envisageriez-vous seulement de vous soigner si cela met à mal directement la santé de quelqu’un d’autre ? En tant que partie d’un grand tout, chaque être humain mérite le bien-être, sans hiérarchie. Vous le méritez également.
Comprendre nos besoins, les satisfaire et avoir conscience de notre impact sur les humains et notre environnement sont les clés pour aussi prendre soin des autres.
Ce n’est pas toujours simple, mais prendre le temps d’explorer les pistes en ce sens est un chemin merveilleux à entreprendre.
C’est aussi une façon efficace de sortir de la dépendance aux systèmes industriels du secteur de la santé. C’est, je l’avoue, l’une des raisons pour laquelle je m’efforce de diffuser les savoirs et la conception du soin de la permathérapie.
Guide du Permathérapeute
ou comment bien débuter en Permathérapie
Le terrain, l’ensemble des contextes qui vous rendent unique
Une tache blanche sur une feuille ? Ajoutez tel produit ou faites venir tel insecte.
Sans savoir de quelle plante il s’agit, ni du sol, ni des possibles éléments météorologiques, ni même du type de champignon ou bactérie à l’origine de la tâche : cette recommandation générique n’a que peu de chance de régler le problème et de guérir la plante.
C’est la même chose en ce qui concerne votre santé. Un mal de tête ? Prenez telle pilule ou infusez telle racine.
Ce mal de tête est-il ophtalmique ? Récurrent ? Lié au contexte particulièrement stressant vécu en ce moment ? Des émotions houleuses ? De la fatigue ? Bref, se soigner ce n’est pas appliquer une solution à un symptôme pour régler un problème de santé.
Comme être humain, vous êtes unique. Votre terrain est l’ensemble des contextes qui vous composent à un temps T. Voyez les comme des sphères qui contiennent l’ensemble des données qui font que vous êtes vous, à ce moment-là. Il y a :
- Le contexte personnel, tout ce qu’il se passe à l’intérieur de vous ;
- Le contexte social, tout ce qu’il se passe en relation avec l’extérieur, les autres ;
- Le contexte historique, en relation avec tout ce qu’il s’est passé avant, jusqu’à votre place dans l’immense chaîne de l’humain ;
- Le contexte médical, qui regroupe la lecture de la ou les pathologies, quelle que soit l’approche.
C’est l’observation et la lecture de ces contextes qui va permettre de mieux comprendre la personne et de lui proposer les soins les plus adaptés. Tout comme en permaculture, la connaissance d’une plante (le contexte personnel) ne suffit pas à la cultiver et la faire prospérer.
Traiter les symptômes pour soulager est évidemment possible. Encore faut-il que ce soit pertinent et efficace.
Une tractopelle pour arracher la plante indésirable au milieu du potager sera efficace : la « mauvaise herbe » aura disparu, mais pas du tout efficient : une débauche de moyen, la destruction de l’écosystème environnant…
Choisir le meilleur remède, c’est avant tout observer, comprendre pour pouvoir pratiquer le juste choix et le dosage suffisant. Agir là où c’est nécessaire uniquement et mettre en place un écosystème humain optimisé pour limiter le travail extérieur nécessaire.
Il est par exemple plus efficace de renforcer son immunité grâce à des actions qui s’intègrent au quotidien de la personne et à ses rythmes, plutôt que de traiter uniquement les maladies lorsqu’elles arrivent, comme des ennemis à combattre. On parle d’ailleurs en Permathérapie d’accordage pour mettre en relation la personne, ses besoins et sa situation.
Tout comme il sera plus pertinent de préparer le terrain, nourrir le sol de compost et le recouvrir d’éléments végétaux que de balancer à l’aveugle des produits chimiques pour éviter toute invasion d’insectes (encore le vocabulaire du combat !).
Permathérapie et permaculture partagent bien plus que cette idée de la permanence. Ces deux approches avancent vers le même projet : celui d’exister comme pratiques qui régénèrent notre environnement.
Si la permathérapie vous interpelle, je vous invite à en découvrir plus sur le site de l’Institut International de Permathérapie en cliquant ici.
Cet article a 2 commentaires
Merci pour cet article captivant !
L’analogie entre la permaculture et la santé est fascinante, et l’idée d’un équilibre entre l’individu et son environnement me parle particulièrement. Cette approche me fait penser aux dynamiques relationnelles : dans une relation, si l’environnement est toxique ou déséquilibré, il devient difficile de s’épanouir, même avec les meilleurs efforts individuels. À votre avis, comment appliquer les principes de la permathérapie aux relations humaines pour cultiver des liens plus sains et résilients ? Merci pour cette belle réflexion !
Merci beaucoup pour votre message et votre réflexion ! Vous faites un parallèle très pertinent entre la permathérapie et les dynamiques relationnelles. En effet, tout comme un écosystème, une relation ne repose pas uniquement sur les efforts d’un individu, mais sur l’interaction entre les différentes composantes de son environnement.
Nous pourrions appliquer les principes de la Permathérapie aux relations humaines de différentes manières. L’utilisation des Dynamiques est un bonne introduction. Au nombre de 5, on retrouve celle Nourrissante, Stimulante, Apaisante, Aggradante ou Dégradante.
Elles permettent de comprendre comment un environnement relationnel peut soutenir, transformer ou entraver l’épanouissement d’un individu :
– Dynamique Nourrissante : ce sont celles qui apportent du soutien, du respect et de la bienveillance. Elles permettent de se sentir en sécurité et de se ressourcer dans la relation, comme un sol fertile qui nourrit une plante.
– Dynamique Stimulante : elles encouragent à sortir de sa zone de confort, à apprendre et à évoluer. Dans une relation, elles peuvent se traduire par des échanges enrichissants, des défis positifs, ou encore un soutien qui pousse à grandir.
– Dynamique Apaisante : elles offrent un espace de repos et de récupération. Ce sont ces relations où l’on peut simplement être soi-même, sans attente ni pression, et se régénérer en toute confiance.
-Dynamique Aggradante : celles-ci s’inscrivent sur le long terme et vont dans le sens de la personne en enrichissant son chemin. Elles permettent d’ancrer des fondations solides et d’ajouter de la profondeur à l’existence. Dans une relation, elles peuvent correspondre à des amitiés ou des partenariats qui grandissent avec le temps, en renforçant la construction identitaire et en soutenant l’évolution individuelle.
– Dynamique Dégradante : contrairement à ce que l’on pourrait penser, elles ne sont pas nécessairement négatives. Elles jouent un rôle essentiel en transformant l’existant et en aidant à se détacher de ce qui freine l’épanouissement. Une relation dégradante peut ainsi être celle qui met en lumière ce qui ne convient plus, pousse à un changement nécessaire, ou invite à repenser ses choix de vie.
Appliquer les principes de la permathérapie aux relations humaines, c’est donc observer ces dynamiques, comprendre comment elles interagissent, et ajuster notre environnement relationnel pour qu’il soit en accord avec notre propre évolution. Une relation équilibrée (dans le sens d’accordée) ne repose pas uniquement sur des dynamiques nourrissantes ou apaisantes, mais peut aussi nécessiter des phases de stimulation, d’aggradation ou de dégradation pour permettre une transformation bénéfique sur le long terme.
Merci encore pour votre question inspirante ! 😊