À la découverte des plantes psychotropes et de leurs modes d’action

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Cet article est lu en 5 minutes, le temps de prendre une tisane et une belle respiration.

Hallucinations, états de conscience élargis, transes, sentiment de connexion universelle, perceptions décuplées, expérience d’une autre réalité… à la fois fascinants et inquiétants, les pouvoirs des plantes psychotropes font débat depuis des dizaines d’années en Occident. Partons à la rencontre de ces végétaux interdits ici et sacralisés ailleurs.

L’histoire des plantes psychotropes

À l’origine, une stratégie végétale pour survivre

On appelle plantes psychotropes les plantes et les champignons :

  • qui agissent sur nos neurotransmetteurs, donc interviennent dans le fonctionnement de notre activité mentale, comme toutes les substances psychoactives ;
  • qui peuvent aussi influencer notre comportement, nos sensations, notre humeur et notre perception de la réalité.

La différence entre les plantes psychoactives et les plantes psychotropes réside donc dans l’action sur le psychisme de ces dernières.

La sécrétion de cette substance psychotrope est à l’origine une stratégie des plantes pour survivre. Au fil de leur évolution, elles ont synthétisé des substances capables de faire fuir insectes et mammifères. Il existe donc des plantes et des champignons ayant des principes actifs psychotropes dans toutes les contrées… dont les nôtres !

Des plantes bien répertoriées

Les plantes psychotropes sont très bien répertoriées et utilisées traditionnellement depuis des millénaires dans de nombreuses cultures.

En permaculture, en permathérapie, et plus largement en botanique, on distingue cinq types de plantes, et elles en font partie :

  1. les plantes alimentaires qui sont nutritives et nous permettent de nous nourrir ;
  2. les plantes toxiques ayant un potentiel pathogénique ou mortel à faible ou moyenne dose ;
  3. les plantes médicinales qui possèdent un potentiel thérapeutique à court ou moyen terme ;
  4. les plantes psychotropes qui ont la capacité de modifier notre état de conscience et sont utilisées pour altérer, inhiber ou amplifier les perceptions ;
  5. toutes les autres plantes n’entrant pas dans ces 4 catégories.

Bien que ce ne soit pas des plantes, les champignons sont parfois intégrés dans ce type de classification.

Des substances psychoactives connues et utilisées depuis la nuit des temps

Avant d’avoir mauvaise presse sous l’influence des dérives récréatives, les plantes psychotropes ont été employées dans des contextes chamaniques, spirituels ou religieux pendant des millénaires. Lorsque les plantes psychotropes sont utilisées pour transformer, voire transcender les perceptions humaines, on parle de plantes enthéogènes ou de plantes « enseignantes ».

Les plantes psychotropes chamaniques « exotiques » les ****plus connues sont l’Ayahuasca en médecine amérindienne, Le Peyolt et le San ****Pedro en Amérique centrale ou encore l’Iboga au Gabon, mais il en existe des milliers d’autres à travers le monde.

La mescaline, molécule psychotrope présente dans le San Pedro, est considérée comme une drogue dans de nombreux pays. Au Pérou, ce cactus a le statut de plante médicinale et est utilisé pour soigner certains maux et maladies. On le retrouve dans les cérémonies chamaniques pour ses effets psychotropes, que ce soit dans un processus de guérison ou pour une expérience spirituelle.

Traditionnellement, l’usage des plantes psychotropes se fait dans le respect de rites ancestraux et est guidé par une figure qui détient le savoir des plantes médicinales (chamane, guérisseur, pajé,…).

Rejoignez le Sommet des Transes et des Médecines Psychédéliques pour en savoir plus sur les plantes psychotropes.

La place des plantes psychotropes dans les sociétés d’hier et d’aujourd’hui

Le potentiel thérapeutique des plantes psychotropes

Le terme psychotrope signifie littéralement « qui agit, qui donne une direction » (trope) « à l’esprit ou au comportement » (psycho).

Selon Jean Delay, psychiatre considéré comme l’initiateur de la psycho-pharmacologie moderne, « On appelle psychotrope, une substance chimique d’origine naturelle ou artificielle, qui a un tropisme psychologique, c’est-à-dire qui est susceptible de modifier l’activité mentale, sans préjuger du type de cette modification ».

Entre 1950 et 1960, Jean Delay et son équipe ont notamment mis au point des médicaments psychotropes neuroleptiques et antidépressifs. La médecine psychédélique fait à l’époque ses premiers pas en médecine moderne aux États-Unis et en Europe.

Les plantes psychotropes sont aujourd’hui étudiées dans de nombreuses disciplines médicales et sociales, en particulier en neuropsychopharmacologie, ethnobotanique (étude des relations entre les hommes et des plantes) et enthéobotanique (étude des plantes psychotropes).

Elles ont fait leurs preuves en psychiatrie, mais également en algologie (prise en charge de la douleur) et en soins palliatifs. (1, 2)

Une utilisation strictement encadrée à l’international

La consommation et la culture de plantes psychotropes en France sont strictement interdites. Du moins pour les plus célèbres.

La politique internationale à l’égard de ces substances est simple : seuls les médicaments psychotropes issus d’une production pharmaceutique industrielle sont autorisés.

Les termes « drogue » et « stupéfiant » désignent donc toute substance psychotrope chimique ou naturelle, qui ne serait pas prise dans le cadre légal de la prescription médicamenteuse par un professionnel de santé.

La tolérance est différente à l’égard d’une substance psychotrope légale moins controversée : l’alcool. Issue de la fermentation de fruits ou de céréales, la substance psychoactive obtenue agit, elle aussi, sur le cerveau et sur le comportement de celui qui boit.

Les plantes psychotropes, des plantes « sociales »

La considération et la place accordées aux plantes psychotropes dépendent totalement de l’environnement socioculturel dans lequel elles évoluent.

Si les plantes psychotropes appartiennent à la catégorie des plantes toxiques dans certains pays (dont la France) et à la catégorie des plantes médicinales dans d’autres pays, c’est parce que cette catégorisation dépend de critères sociaux.

Dans les sociétés traditionnelles d’Amérique du Sud où les vomissements sont vus comme un acte de purification, les plantes qui font vomir ne sont pas des plantes toxiques, ce sont des plantes médicinales.

Pour l’interprétation des rêves, c’est la même chose. Dans certaines cultures, les rêves ou les visions sont regardés comme des outils thérapeutiques pertinents. Les plantes qui permettent d’accéder à la compréhension des rêves grâce à un état de conscience modifié sont donc acceptées comme des solutions pertinentes pour résoudre une problématique morale ou physique.

Elles peuvent même avoir un rôle social fédérateur, notamment dans le cadre des cérémonies sacrées et spirituelles dans lesquelles les membres d’une société se retrouvent et tissent du lien.

Nous l’avons vu, les plantes dites psychotropes sont tour à tour considérées comme toxiques, médicinales ou sacrées selon les groupes humains ou les sociétés. Cette dichotomie pousse à la réflexion quant aux relations que l’Homme choisit d’entretenir avec les plantes et leurs effets.

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