Qu’est-ce que la médecine psychédélique ?

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Découvrez l'histoire de la découverte et de l'utilisation des psychédéliques en médecine, puis de leur interdiction,  malgré des résultats prometteurs.

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Utilisés depuis des millénaires par les civilisations ancestrales, les psychédéliques naturels sont des productions organiques (animales, végétales, fongiques) aux propriétés psychotropes, permettant d’accéder à des états modifiés de conscience. Leur version synthétique est née dans les années 1950 au Canada. Quelques années plus tard, la France est le premier pays à interdire l’utilisation médicale des psychédéliques en 1966. Ils passent du statut de substances thérapeutiques au statut de substances illicites. Revenons sur l’histoire de la médecine psychédélique en France et outre atlantique.

Découvrez l'histoire de la découverte et de l'utilisation des psychédéliques en médecine, puis de leur interdiction,  malgré des résultats prometteurs.

L’histoire de la médecine psychédélique

La médecine psychédélique, définition

Le terme psychédélique a été inventé par le psychiatre britannique Humphry Osmond, en 1957. Il est alors à la tête d’un programme de recherche à l’hôpital psychiatrique de Saskatchewan au Canada.

Il étudie d’abord la Mescaline, substance psychoactive d’origine végétale présente dans certaines variétés de cactus, puis le LSD découvert en 1938 et issu de l’ergot de seigle, un champignon qui parasite le seigle.

Osmond est davantage dans une volonté de compréhension des troubles psychiatriques et l’amélioration des soins de santé mentale, que dans la recherche d’un traitement.

Les résultats des études sont prometteurs, notamment sur l’alcoolisme, la psychose et la schizophrénie. Scientifiques et intellectuels s’intéressent de près à cette nouvelle pratique de soin et aux effets des psychédéliques.

« Même le meilleur des livres échoue à transmettre une expérience que beaucoup considèrent comme incommunicable, et le médecin souhaite souvent pouvoir entrer dans la maladie et voir avec les yeux du fou, entendre avec ses oreilles et sentir avec sa peau. » Humphry Osmond, Sur la folie

Les débuts de la médecine psychédélique

Cette médecine a rapidement évolué, considérant (entre autres par l’intermédiaire d’Aldous Huxley et son expérience de la mescaline décrite avec précision dans son livre Les portes de la perception) que les psychédéliques permettaient de voir le monde tel qu’il est, « neuf, vivant, saturé de couleur et chargé de sens ». Elle considère également qu’il existe des variables qui modulent les effets des substances employées, les différenciant des états psychotiques.

Ces variables sont le set and setting, « set » désignant l’état d’esprit dans lequel est la personne qui prend la substance, et « setting » désignant son environnement physique et social au moment de la prise.

Ces paramètres sont désormais considérés comme des éléments importants de l’expérience psychédélique, ce qui introduit une part de subjectivité dans une médecine qui préfère généralement s’en détacher.

Une approche de la thérapeutique psychiatrique en concurrence avec la psychanalyse

Cette approche de la thérapeutique psychiatrique a depuis ses débuts été en concurrence avec la psychanalyse (freudienne dans un premier temps, puis des autres obédiences). Dans une certaine mesure, la psychanalyse jungienne s’est plus facilement associée à la médecine psychédélique.

Il faut comprendre que nous sommes là face à deux points de vue sur le soin radicalement opposés :

  • Dans la psychanalyse, le patient est dépendant de la présence du thérapeute, le soin est long, la responsabilité du traitement (et du trouble) est renvoyée vers l’extérieur.
  • En thérapie psychédélique, le patient est accompagné dans un processus dont il est le seul à vivre l’intensité, le soin est rapide, et la responsabilité du traitement est liée au vécu de la personne.

De la découverte à l’interdiction des psychotropes

Les substances psychédéliques : une origine très ancienne

Bien que la dénomination soit récente, les médecines psychédéliques ont une origine ancienne. Comme dans toute thérapie holistique, la dimension psychique a une place de choix : les enthéogènes sont des substances végétales utilisées depuis l’antiquité dans des contextes religieux, spirituels, ou encore chamaniques pour provoquer des états de conscience modifiée. On les retrouve dans les médecines millénaires : l’ayahuasca par exemple, est une préparation utilisée en médecine traditionnelle amazonienne. La quête ? Un accès à une autre dimension de l’existence, mais pas seulement.

Les effets antidépresseurs rapides de l’ayahuasca psychédélique dans la dépression résistante au traitement ont été étudiés scientifiquement. (2)

Au-delà de leurs effets psychoactifs, ces plantes ont aussi des effets enseignants : on parle de « plantes maîtresses » ou de « plantes enseignantes ». Cela désigne les plantes médicinales qui en plus de leurs propriétés curatives, sont réputées pour transmettre des connaissances et des savoirs, à travers des sensations, des visions, des rêves, des perceptions.

Comme en phytothérapie, l’utilisation de la plante, donc de l’ensemble de ses principes actifs, est préférable à l’utilisation d’une molécule isolée (substance synthétique).

Des études scientifiques prometteuses au départ

En 1966, le LSD est le médicament le plus étudié au monde. (1) C’est aussi à cette période que la médecine psychédélique et ses traitements montrent une réelle efficacité dans le soulagement des douleurs, des névroses, de la fin de vie ou encore des toxicomanies à l’héroïne, une des plus difficiles à traiter.

Au cours des années 60, en pleine guerre froide, la médecine psychédélique a aussi été au cœur de nombreux espoirs guère glorieux : recherche de sérum de vérité, de traitement pour changer les préférences sexuelles, pour augmenter la suggestibilité ou encore pour mieux supporter la torture…

L’arrivée des molécules à effets psychédéliques dans les milieux récréatifs a été à l’origine du changement de statut social de ces médecines. De prometteuses, elles sont rapidement considérées comme la cause de tous les troubles sociaux des années 1960, le tout accompagné de nombreuses légendes urbaines !

En occident, les états décident alors de prendre des mesures pour limiter l’utilisation de ces substances, ralentissant en même temps la recherche médicale.

La diabolisation des psychédéliques après 1960

Soucieux de reprendre le contrôle sur une jeunesse influencée par la prise de psychédéliques (LSD en tête) et qui réclamait la paix et l’entente entre les peuples, les psychotropes sont interdits en France en 1966 et par l’ONU en 1971.

Les études scientifiques sur le sujet deviennent fortement limitées et contraintes. Les études randomisées en double aveugle (ni les médecins ni les patients ne savent qui reçoit une molécule et qui reçoit un placébo) deviennent d’ailleurs la norme et font fi du set and setting pourtant utile au bon déroulement des séances. Les résultats sont dès lors moins excellents… tout en restant très bons !

Les psychédéliques sont malgré tout diabolisés par les médias et délaissés par la recherche scientifique jusqu’aux années 2000.

Depuis maintenant une vingtaine d’années, la recherche sur les psychédéliques a repris de plus belle. D’autant que le manque d’efficacité des traitements conventionnels sur les troubles mentaux (dans certains cas) a eu le temps d’être prouvé. Une étude récente (3) avance que « les psychédéliques sont des traitements prometteurs pour l’anxiété, la dépression et la dépendance, leur efficacité est rapide et durable, et ils sont bien tolérés. » Il est précisé que ces effets doivent être confirmés dans des études plus larges.

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